Son parcours

Césaire est né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe, en Martinique. Son père est contrôleur des impôts et sa mère couturière.

De 1919 à 1924, il fréquente l’école primaire à Basse-Pointe. Par la suite il est admis au lycée Schoelcher qu’il fréquente jusqu’en 1932. Il rencontre Léon Gontran Damas pendant son séjour au lycée Schoelcher ; ils deviennent des amis.

En 1932, Aimé Césaire obtient une bourse du gouvernement français pour rentrer au Lycée Louis Le Grand. Il y rencontrera Léopold Sédar Senghor ; ils deviennent amis et vont œuvrer ensemble pour notamment l’émergence de la Négritude.

En 1935, il est admis à l’École Normale Supérieure.

En 1937, il se marie avec une étudiante martiniquaise, Suzanne Roussi. Ils auront 4 garçons et 2 filles.

En 1939, il est agrégé de lettres et retourne en Martinique où il enseigne avec son épouse au lycée Schoelcher. Parmi ses élèves il y a entre autres : Frantz FANON et Édouard GLISSANT

L’homme politique

Maire de Fort-de-France (1945 — 2001)

  • 1945, coopté par le parti communiste, Aimé Césaire est élu maire de Fort-de-France. Il sera réélu sans interruption et restera maire de Fort-de-France de 1945 à 2001 (56 ans).
  • Une de ses réalisations les plus remarquées à la tête de la mairie de Fort-de-France est son action en faveur de la culture martiniquaise grâce à la création du « Service Municipal d’Action Culturelle » et du prestigieux « Festival de Fort-de-France ».

Député de la Martinique (1946 — 1993)

  • 1946, il est élu député de la Martinique.
  • Il sera le rapporteur de la loi sur la départementalisation des colonies : Martinique, Guyane, Guadeloupe et Réunion. Il défend l’idée que la départementalisation permettra de sortir du marasme économique, conséquence du blocus imposé à la Martinique par le régime Vichyste. Cette position est incomprise de beaucoup qui la trouvent en contradiction avec le souffle de la liberté et de la fierté qui émane de la négritude.
  • Aimé Césaire siègera sans interruption à l’Assemblé nationale jusqu’en 1993 (48 ans de députation)

Création du Parti Progressiste Martiniquais

  • 1956, rupture avec le parti communiste français suite à la position du parti par rapport à l’invasion de la Hongrie par les soviétiques ;
  • Publication de « Lettre à Maurice Thorez » pour expliquer son départ du parti communiste français.
  • 1958, création du Parti Progressiste Martiniquais (PPM)
    • le PPM vise à instaurer un type de communisme martiniquais, plus résolu et plus responsable dans la pensée et dans l’action.
    • L’autonomie de la Martinique est située au cœur du discours du PPM.

L’éveilleur des consciences

En septembre 1934, fondation du journal « l’étudiant noir ».

  • Co-fondateurs :
    • le martiniquais Aimé Césaire ;
    • le guyanais Léon Gontran Damas ;
    • le guadeloupéen Guy Tirolien ;
    • les sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop.
  • C’est dans ce journal qu’apparaîtra pour la première fois la définition originelle de la Négritude :
    • « La négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et de l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture ».
    • Pour Césaire, la négritude comporte une dimension complémentaire : « Il s’agit de bâtir une Nation et de fédérer un peuple, en rompant un silence collectif« .
    • Pour Senghor, « La négritude est un fait, une culture. C’est l’ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d’Afrique et des minorités noires d’Amérique, d’Asie et d’Océanie. »

En 1939, publication du Cahier d’un retour au pays natal

  • Vibrant cri poétique pour la Négritude, pour la liberté et l’humanité.

En 1941, fondation de la revue « Tropiques ».

  • Co-fondateurs :
    • Aimé Césaire ;
    • Suzanne Roussi (son épouse) ;
    • René Ménil ;
    • Aristide Maugée.
  • Cette révue est une réaction à la situation martiniquaise à la fin des années 30 :
    • Aliénation culturelle profonde ;
    • Exotisme de mauvais aloi ;
    • le doudouisme alimente les clichés qui frappent la société Martiniquaise.

En 1947, création de la revue Présence Africaine

  • Co-fondateurs :
    • Alioune Diop (directeur de publication),
    • Aimé Césaire ;
    • Léopold Sédar Senghor ;l
    • Léon Gontran Damas ;
    • Jacques Rabemananjara ;
    • Paul Niger ;
    • Guy Tirolien.
  • Alioune Diop fondera ensuite la maison d’éditions Présence Africaine
    • La maison d’édition prend la suite de la revue ;
    • Présence Africaine publie notamment :
      • Les travaux de Cheick Anta Diop,
      • Les nouvelles et romans de Joseph Zobel

En 1950, publication du « Discours sur le colonialisme ».

  • C’est un pamphlet contre la politique colonialiste et les philosophes ou intellectuels qui le soutiennent ou le justifient.

En 1956, Aimé Césaire est un des initiateurs de la première conférence des artistes et écrivains noirs.

L’œuvre littéraire

Contexte et influences
Deux faits historiques marquent l’œuvre de Aimé Césaire : la traite négrière et la colonisation. Ces faits ont entraîné et entretenu :

  • l’humiliation, l’aliénation, une forme d’inexistence des nègres ;
  • ils se fondent sur des justifications qui insultent le bon sens et la raison ;
  • ils font régner l’injustice ;

Influence de la littérature noire américaine

  • WEB Dubois : « je suis un nègre et je me glorifie de ce nom » dans « Âmes noires » écrit en 1905
  • Le mouvement de la « negro renaissance » avec notamment Langston Hugues qui revendique l’appartenance à la société américaine : « moi aussi je suis l’Amérique »
  • Le mouvement de retour en Afrique de Marcus Garvey et la création du Libéria

Le mouvement des anthropologues

  • Il n’y a pas de société sans culture.
    • La culture étant l’ensemble des modifications apportées aux réponses de la nature … il n’y a pas de société sans culture et chaque culture est originale
  • En 1930, Leo Frebennuis publie une histoire de l’Afrique noire.
    • Il veut montrer que l’Afrique a une civilisation et celle-ci peut donner des leçons à l’occident.

Emergence/naissance d’une littérature négro africaine dans les années 20

  • Batouala (René Maran)
    • Dénonce les travaux forcés dans les colonies en Afrique
    • Montre que les nègres ont une culture et une identité propre

Principales publications

  • Œuvres complètes. (1. Poèmes ; 2. Théâtre ; 3. Œuvre historique et poétique). Fort-de-France : Desormeaux, 1976.
  • Essais :
    • Discours sur le colonialisme. Paris : Présence Africaine, 1955.
    • Toussaint Louverture ; La Révolution française et le problème colonial. Paris : Présence Africaine, 1961/62.
  • Poésie :
    • Cahier d’un retour au pays natal. Paris : Présence Africaine, 1939, 1960.
    • Soleil Cou Coupé. Paris : Éd. K, 1948.
    • Corps perdu. (gravures de Pablo Picasso) Paris : Éditions Fragrance, 1950.
    • Ferrements. Paris : Seuil, 1960, 1991.
    • Cadastre. Paris : Seuil, 1961.
    • Les Armes miraculeuses. Paris : Gallimard, 1970.
    • Moi Laminaire. Paris : Seuil, 1982.
    • La Poésie. Paris : Seuil, 1994.
  • Théâtre :
    • Et les Chiens se taisaient, tragédie : arrangement théâtral. Paris : Présence Africaine, 1958, 1997.
    • La Tragédie du roi Christophe. Paris : Présence Africaine, 1963, 1993.
    • Une Tempête, d’après La tempête de Shakespeare : adaptation pour un théâtre nègre. Paris : Seuil, 1969, 1997.
    • Une Saison au Congo. Paris : Seuil, 1966, 2001.
  • Entretiens :
    • Louis, Patrice. Aimé Césaire : rencontre avec un nègre fondamental. Paris : Arléa, 2004.
    • Nègre je suis, nègre je resterai, entretiens avec Françoise Vergès. Paris : Albin Michel, 2005.